Débarquement américain en Algérie-1942

 

Souvenirs d'un Algérois,l'année de ses 14 ans

8 novembre 1942, ce que j'ai vu de mon balcon de la rue Sadi-Carnot, à 1500 mètres environ de la page d'Histoire qui allait se produire.
Cette nuit là mon Père vint me réveiller''Entends ce bruit bizarre qui vient de la mer, je me levais et nous allâmes sur le balcon, effectivement un bourdonnement imperceptible venant de l'horizon se faisait entendre.
Ce bruit inquiétant et sourd se rapprochait, nous avons devinés plus tard que c'était celui de centaines de moteurs, le jour commençait à se lever, et alors spectacle inouï nous avons vus sur la mer bleue ce que nous pensions être des ballons dirigeables, il y en avait des centaines (C'EST QUOI). Ces ballons avançaient en grossissant, et soudain, sous chacun d'eux naviguait un bateau, il y en avait une multitude. Chaque ballon était relié par un câble à un bateau, nous avons appris par la suite qu'ils étaient destinés à éviter que des avions ennemis les survolent et coulent ces bateaux.
Nous allumons notre poste de TSF à lampes PATHE-MARCONI LA VOIX DE SON MAITRE que je possède toujours en état de marche (je ne veux pas faire de publicité) Radio Alger nous apprend qu'un débarquement Américain était en cours.

Je revois un sous-marin français sortir de l'arrière-port et plonger,presqu'aussitôt un avion anglais (cocarde de la R.A.F) le survoler et lâcher 3 bombes (gravées encore dans ma mémoire). Anxieux nous attendions l'explosion qui ne se produisit pas, la cible avait été ratée, puis un torpilleur Américain fonça sur le barrage de chalands acheminé en hâte afin d'empêcher l'entrée de l'arrière port et le détruisit , alors il se mit à tirer sur l'ambassade Allemande située dans la villa Susini, (drapeau à croix gammée au vent) sur la colline (ou nous faisions auparavant voler nos cerfs volants)surplombant le Hamma à environ 1000 mètres à vol d'oiseau de mon balcon.
L'artillerie défendant l'ambassade riposta et toucha le bateau, je le revois endommagé, les obus sifflaient au dessus de nos têtes, nous avions l'insouciance de nos 14 ans et assistions inconscients à la page d'histoire qui se déroulait.
Des soldats Américains arrivaient sur le trottoir longeant les ateliers des chemins de fer, puis des soldats Français sont venus à leur rencontre, l'Armée d'Afrique allait renaître, celle qui prit une très grosse part dans la libération de la France,

    Merci à  André Vincent,pour ce très joli texte.Voir message intégral sur:

Livre d'Or-Es'mma du6/11/08

Témoignage de Jean Brua(fils d'Edmond Brua ▼

http://esmma.free.fr/mde4/torch8nov42.htm

Voir aussi : Operation_Torch_MC29

En ce qui me concerne,j'allais avoir un an! Peu de temps aprés le débarquement,mes parents m'ont baptisé et ont pu faire une fête grâce à l'apport de victuailles d'amis américains. J'ai toujours une médaille représentant  trois anges offerte par un pilote américain.

                         

Comments

[A M geneste(ARAN]

Mes parents sont nés en Algérie (Alger et Blida) .Ma mère ,après ce débarquement,est arrivée en métropole sur la "Jeanne" puis a travaillé avec le gouvernement provisoire à Matignon.

[DERACINE]

... Je n'étais pas en prévision de ... naissance mais, à présent, à 69 ans ( !) une pensée me ronge : celle de n'avoir pas connu mon père, résistant dans les F.F.L.. J'avais 8 mois lorsque en août 1944 maman a dû assumer son veuvage avec 2 enfants. Rien, absolument rien de ce qu'il a été, ce qu'il a accompli ... sinon cette petite photo d'identité où j'ai pu voir les traits de ce patriote, le visage de mon père.

... Les années ont passé, à ALGER, misère et errance, puis cet exode provoqué par la haine de l'autre. POURQUOI ??? Mais, pour ce que tu as pu faire mon papa : MERCI !

[Henri Thoa]

Mon cher René,

Magnifique ce blog d'autant plus que je suis né ce jour là, le 8 novembre 1942...
Figure toi que ma mère a failli "dans la liesse générale", m'appeler Franklin....Ouf....!!!
Merci pour tout ce que tu fais pour mettre en exergue la culture, l'identité et l'histoire des Pieds Noirs
Imposer l'histoire de façon frontale conduit à un affrontement des cultures qui est néfaste pour tous
Tu ménages la diversité des opinions tout en affirmant tes principes et tes idées ...Nombreux sont les sites PN qui devraient en prendre de la graine
Encore une fois merci

Henri Thoa

[arioul]

Passionant l'épisode du 8 novembre 42 dont on sous-estime très généralement, dans l'opinion du grand public, l'importance dans le sort de la deuxième guerre.
Très riche d'enseignements.
S'y entrechoquent une multitude d'acteurs historiques majeurs, les alliés américains avec Ike déjà, les alliés britanniques qui traînent Mers-el-kébir, les représentants de l'axe à l'Aletti et feu l'hotel d'Angleterre, la société coloniale consentante ou résignée, les colonisés perplexes et attentistes, la communauté juive coupée de sa nationalité française par l'abolition des décrets Crémieux (qui ne seront rétablis que fin 43), les députés communistes en prison à Maison-carrée, des républicains espagnols déportés dans le Sud oranais, l'armée française de tradition déboussolée, les amiraux badernes aux commandes, des nationalistes dévoyés, des aventuriers de tout poil, les intellos et artistes repliés près de Charlot, des patriotes enthousiastes, l'illusion Giraud, des comploteurs pathologiques, quelques sous-marins de Londres contraints de jouer à quatre bandes, des héros lucides et généreux.
Pour suivre l'épopée en Tunisie, Italie, Provence, Alsace, Allemagne, gloire à tous nos soldats pied-noirs et indigènes.
Et puis, l'histoire qui s'enchaine ...

[Levy Georges]

Ce 8 Novembre 2008,il ne faut pas oublier surtout les 300 résistants (dont la majorité était des israelites sous le coup des Lois infames de Vichy)
qui sous le Commandement de José Aboulker (22 ans)
paralysèrent pendant 24 heures les points névralgiques d'Alger en attendant l'entrée hésitante des Alliés le 8 Nov 1942 .
Le Commandant Alfred Pillafort et le Lieutenant Dreyfus payèrent de leur vie leur opposition active aux forces restées fidèles à Pétain .
Je me souviens de la plaque apposée sur un coté de la Grande Poste en souvenir de Dreyfus et du buste de Pillafort érigé rue Jean-Rameau,par les soins des Compagnons du 8 Novembre 42 .
J'avais 4 ans ce jour là, et avait la meme vue sur le port que Vincent qui a si bien raconté ses souvenirs .