Question d'un ami Limousin:''Pied noir'' mon ami,qui es tu?
Pieds noirs,Oui mais qui sommes nous?
La dénomination "pied-noir" véhicule une caricature, un portrait unique, une entité abstraite presque invariable, ébauchée à la faveur de certaines circonstances et qui reste quasiment intacte au fil du temps. La méconnaissance de cette communauté, de son originalité identitaire, de la complexité de sa construction en juxtaposition de communautés et non pas en un magma obscur et homogène, est encore très vivace. Qui sont-ils? Tous les français d’Algérie non musulmans. Définition consensuelle et globalisante, cependant acceptable et claire historiquement. Toutefois, dans le monde pied-noir les ambiguïtés sont nombreuses entre ce qui est d’origine française et ce qui ne l’est pas et constituent d’une certaine manière les fondements de la communauté. Cette donnée est essentielle pour appréhender l’histoire et l’identité des pieds-noirs.
Dès 1830 les foules ne se bousculèrent pas pour conquérir ce nouvel El Dorado. L’immigration s’est faite lentement. Petit peuple ouvrier-paysan parisien, paysans du midi, petits négociants, pas plus de 2000 à 3000 individus. Entre 1848 et 1852 la création de colonies agricoles attire "les indésirables parisiens" la plupart sont des ouvriers. Sur 20 000 départs pour l’Algérie, 3000 décèdent et environ 7000 rentrent en France. Les concessions sont abandonnées et redistribuées aux Espagnols en Oranie, à quelques allemands à la Sitida et le reste est concédé aux paysans venus du Sud de la France. Pour renforcer la colonie, des déportations successives sont nécessaires. D’abord les républicains opposés à Louis-Philippe, puis à Napoléon III mais à ce moment-là, il s’agissait davantage de donner un coup de balai dans les rues de Paris que de coloniser réellement l’Algérie. Cette mosaïque de population, allait du riche propriétaire terrien français de souche au petit paysan du midi, quelques alsaciens qui s’enfuirent de leur Alsace natale après 1870, tous les "miséreux" du bassin méditerranéen, les espagnols, les quarante huitards exilés, les communards, les maltais, les italiens, les "déclassés", puis les judéo-arabes. Tous vont former progressivement une société qui s’affirmera comme appartenant à une France algérienne. Les français de France étant perçus comme des compatriotes différents. La France, bien que lointaine, est omniprésente dans leur univers, alors que la grande majorité d’entre eux ne la connaissent pas. Elle participe à la part du rêve, elle est comme une mère qui présente un visage multiple, la force et l’autorité, la grandeur et la puissance, l’amour et le rejet.
Source:Parole sans frontière-extrait du mémoire de:
Patricia Alonso-Bessaoud