Rue d'Isly à Alger
RUE D'ISLY
«Nom qui est resté dans nos mémoires pour le drame qui s'est déroulé le 26 Mars 1962, après le bouclage de Bab-El-Oued.»(26_mars_1962_Rue_d'_Isly_ )
Rue isly par fontey 26 Mars - Témoignage d'un ancien journaliste
En 1844, la rue de l'Aqueduc, qui devait son nom au passage de l'aqueduc du Hamma sous la voie, devint la rue dIsly.
La rue s'arrêtait à un rond point, la future place Bugeaud. Au delà c'était le quartier du roulage avec ses petites guinguettes populaires, ses échoppes et ses petites industries. Peu d'immeubles étaient construits. Une route en mauvais état conduisait à la porte d'Isly. La porte se trouvait sur une placette, où fut érigé en 1896, le buste du Dr. Maillot .
Après 1900, la rue s'anima et devint très commerçante.
Rue d'Isly? C'était Les Galeries de France avec leur curieux intérieur tout en bois, la pâtisserie Caillod, la librairie Chaix. C'était surtout les cinémas, Le Club, Le Régent, Le Paris, déjà la fin d'une époque marquée par les premiers films de Chabrol, Les Cousins, Le Beau Serge et Bardot, encore Bardot, déjà Bardot. Dans les rues, les filles cherchaient à l'imiter, carreaux vichy, jupons gonflants, taille bien serrée, cheveux décolorés remontés en " choucroute ". Peu à peu, à leurs pieds, plus de talons aiguilles mais des ballerines et sur leurs décolletés des volants et des volants de broderie anglaise. En venant chanter ses Scoubidous à Alger, Sacha Distel avait déclenché une émeute.
Les filles, elles, étaient inabordables. L'après-midi aux terrasses des cafés, Le Quat'Zart, Le Milk Bar, Le Faisan d'Or, nous dégustions un Coca-Cola, cette nouvelle boisson, dont le nom sur de drôles de bouteilles était écrit, blanc sur rouge, en arabe, Coca-Cola? En quelques mois, ce jus de punaise, comme disaient les parents, allait détrôner sur nos tables le Crush, l'Orangina et le Judor, trois boissons locales à l'orange et même le Sélecto, sorte de limonade à l'arrière goût d'acétone qui avait pourtant fait un tabac auprès des jeunes.
Restaient les boîtes, les cabarets, les night-clubs comme on disait alors réservés aux adultes et aux couples.
Guy Bonnet (Le pays d'où je viens)
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