La famille Molbert...d'Alger en Limousin
Mon école à Alger :Molbert
Photo yves Jalabert
Voir plan du quartier(source ES'MMA):
école_Molbert_Alger_Plan_quartier
L'école MOLBERT,aujourd'hui, Collège Cap. Noureddine MENNANI. qui se trouve rue Horace VERNET,est dans le souvenir de tous les anciens du quartier meissonier. Mais qui est ce Molbert qui avait donné son nom à notre école? à la suite de cette question posée par un compatriote sur ES'MMA,ce site ami,j'ai voulu en savoir plus et encouragé par mon ami Georges Levy,j'ai pu retrouver Michel Molbert,le fils de l'ingénieur en chef de la ville d'Alger dont tout le monde se souvient. Et là,surprise de taille,j'apprends que c'est le nom de son grand père qui fut donné à notre école:Edmond Molbert.
Autre surprise,Michel Molbert me dit,au téléphone, qu'il a des attaches en Limousin et qu'il compte y venir début Mars!Rendez vous est donc pris pour une rencontre...Enfin,le dimanche 1er mars,Michel Molbert me téléphone et nous décidons de nous voir lundi 2 mars après midi chez sa fille à une quarantaine de km de Limoges. Je prends la décision d'emmener des photos d'école et pour Michel,un souvenir d'Alger bien spécial:une boîte d'allumettes Caussemille avec la fameuse photo du cheval de course(qui avait été réalisée par notre prof de dessin du lycée Gautier,Jacques Burel)voir un article de Georges Lévy sur Jacques Burel:
Cimaises-1 - des souvenirs dans un mouchoir
Arrivé à destination ,je suis accueilli par Michel Molbert très chaleureusement. L'émotion est bien là et nous ne perdons pas une minute. En présence de sa fille Juliette née en Métropole,il me remet quelques documents extraits d'un livre sur sa famille écrit conjointement avec son père Pierre(l'ingénieur en chef de la ville d'Alger et nous entamons une conversation d'échange de souvenirs. J'apprends que ses arrières grands parents sont à l'origine de la poterie de Kouba,d'où provenaient les lions en terre cuite du Parc de Galland.
Extrait écrit par Pierre Molbert:
Avant que ce lieu s'appelle le Parc de Galland,c'était une propriété,où l'on avait bâti la première école normale d'instituteurs,pour fournir des enseignants à l'Algérie Française. Cette école devait instruire de nombreux jeunes gens de la métropole.
Elle fut démolie plus tard,car elle était victime des mouvements de terrain qui durent encore,et reconstruite prés de la bouzareah,où elle était jusqu'à l'indépendance.
L'école normale avait une classe où les futurs instituteurs s'exerçaient à l'enseignement. Les enfants du quartier allaient donc à l'école annexe.
Les élèves de l'école annexe passaient de plein pied à l'école normale;c'est ainsi qu'Edmond Molbert,fils de Pierre Richard ,devint instituteur,comme son cousin Charles,fils de François.
Edmond,à la sortie de l'école normale d'instituteurs,fut nommé Maître primaire au lycée d'Alger(devenu depuis lycée Bugeaud) où il y avait ,à cette époque,plusieurs classes primaires. Il y travaille énormément à parfaire son éducation-philosophie et mathématiques- et il avait certainement l'intention de faire des études supérieures. Mais son mauvais état de santé l'empêche de le faire. Il avait contracté une pleurésie qui, mal soignée, le suivra toute sa vie et qui est la cause de ce qu'il mourut à soixante deux ans.
Après le lycée,il passa dans l'enseignement primaire,à l'école du champ de manœuvre,dont était directeur Monsieur Chazot. L'école Chazot,au champ de manœuvre,faisait partie d'un groupe scolaire qui comportait une école de garçons,une école de filles,une école maternelle. En 1890,mon père a épousé une jeune institutrice du groupe scolaire,Virginie Aloîse.
De l'école Chazot où je suis né en 1891,Edmond passe comme directeur d'école à l'Arba où nous sommes restés quelques années et où mon frère Fernand est né en 1895.puis,il voulut se rapprocher d'Alger,à cause de nos études,fut nommé successivement,comme directeur d'(école,à Hussein Dey puis à Alger,rue Edmond Adam (sous le lycée Gautier),rue Caussemille ,rue edgard Quinet(devenue plus tard ''école Molbert'' )-1-, et rue Dupuch.
Il était titulaire du brevet d'arabe et du brevet de kabyle.
-1-Cette école a du être débaptisée par la suite au profit de celle que nous connaissons ,probablement en 1950 comme le laissent supposer ces deux photos(année 1948/49= ecole Horace vernet!)Cliquez pour agrandir.
Horace vernet 1948/49 Molbert 1950/51
Edmond Molbert vers 1890
Réflexions de Michel Molbert:
(extrait du livre de famille)
N'est il pas curieux de voir,un siècle après la fin de la dynastie de Molbert Maîtres d'école en Franche-Comté,renaître dans la famille,cette vocation? Bien sûr,le souvenir des Gervais,Antoine,Gérard ou Richard ,instruisant les petits Franc- comtois,au milieu des problèmes religieux du dix huitième siècle,était bien oublié. Mais quelle coïncidence,de retrouver là,en Algérie,et sur une génération née autour de 1860,une accumulation d'instituteurs dans la même famille:Mon grand père Edmond,son cousin Charles,mais aussi,mes deux grands-mères,Virginie,femme d'Edmond,et Maria,mère de ma mère;et ma grand-tante,Marie Thérèse,son mari Pierre Lacoste,et mon grand père maternel,secrétaire d'Académie. Et encore,chez nos cousins protestants,Paul,professeur à Dijon,et son neveu Georges,instituteurs en retraite à Sainte marie. Et puis enfin ma mère,Robert Gornès et ma sœur Suzanne qui seront Professeurs.
Edmond Molbert (à droite) son épouse et ses deux fils en 1902
Ma propre réflexion à la lecture de ces différents documents:
Le grand père Edmond a été parmi les premiers élèves de la première école normale d'Alger.il a passé sa vie dans l'enseignement avec une passion sans pareille n'hésitant jamais à prendre sur son temps et faire des heures supplémentaires lorsqu'un élève avait besoin d'aide. Il était titulaire du brevet d'arabe et du brevet de kabyle. Ce sont des hommes comme lui qui ont construit l'Algérie que nous avons connue et notre école a donc eu l'insigne honneur de porter son nom
Remerciements:
Je remercie Michel Molbert ,sa fille et son fils pour leur accueil et l'aide apportée pour la réalisation de ce document. Je tiens à rendre hommage à Pierre Molbert,leur père et grand père dont tout algérois se souvient,car par sa fonction d'ingénieur en chef de la ville d'Alger,il a supervisé la plupart des grands travaux qui ont transformé la ville (dont ''le trou des facs''-tunnel des facultés-1948/1950).
Je tiens à citer ces quelques mots qu'il a écrit sur la première page de son livre:
1844-1962
Entre ces deux dates,s'inscrit l'aventure Africaine de la famille Molbert.1844,c'est du moins la date inscrite sur le buste de Jean Baptiste Molbert,buste en terre cuite,par Fourquet,grand prix de Rome,et qui trônait sur le terre plein de la poterie de Kouba,au milieu de milliers de pots,lampes arabes,tuyaux de terre stockés pour la vente.
Devant ce buste,les ouvriers indigènes faisaient leur prière,comme devant le tombeau d'un marabout. Faute de mieux ,on admet dans la famille que 1844 est la date d'arrivée en Algérie..
1962-les 9 et 10 juin,ce qui restait des Molbert,en Afrique,s'embarque sur les bateaux de la Transat,les uns pour Marseille,les autres pour Port Vendres,avec deux valises pour tout bagage
C'était la fin de l'aventure Africaine qui dura 118 ans!
Sauf que les morts sont restés en Algérie!
Pierre Molbert et son épouse-1952
Pierre Molbert,qui avait servi dans l'aviation comme officier(Capitaine)pendant la guerre 1914/18,fut de 1942,année du débarquement des forces alliées en Algérie,jusqu'en 1945,Directeur de la défense passive à Alger.
Voir témoignage de Jean Hebert,fils d'Emile Hebert,Son chauffeur:
Pierre Molbert fut aussi le Président du comité d'administration de la station de ski de Chrea bien connue des Algérois..
Voir → Chrea_station_estivale_Azititou
Source :https://azititou.wordpress.com/2012/11/12/chrea-station-estivale-grandmere-raconte-nous-chrea/